L’alimentation durable est aussi un levier de votre stratégie RSE. Pourtant, elle est parfois mise de côté pour éviter tout téléscopage avec les libertés individuelles. Mais entre la réduction du gaspillage, les repas plus végétaux, le circuit court et la sensibilisation des salariés, vous avez de nombreuses pistes pour agir concrètement, sans imposer.

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L’alimentation représente environ un quart de l’empreinte carbone des Français. Or les repas, nous les prenons chez nous bien sûr, mais aussi au bureau ! 1 repas sur 5 est pris hors domicile, dont la moitié en restauration collective. En entreprise, entre les cantines, plateaux-repas, séminaires et pauses déjeuner, l'alimentation constitue aussi un levier d’action, souvent sous-estimé. Pourtant, c’est un domaine à fort potentiel, tant en matière d’impact environnemental que de cohésion interne. Comment avancer sur le sujet sans heurter les libertés individuelles ? Quels leviers activer, concrètement ? Et que dit la réglementation ? Tour d’horizon.
Pourquoi intégrer l’alimentation dans sa stratégie RSE ?
L’alimentation est un vecteur puissant d’impact environnemental et social. En France, elle est responsable de 22 % de l’empreinte carbone des ménages, soit autant que le transport1. La production de viande, notamment bovine, pèse lourd dans ce bilan : un repas avec du bœuf émet en moyenne 7 kg d'équivalent CO2, soit 14 fois plus qu’un repas végétarien (0,5 kg de CO2).
En entreprise, le gaspillage alimentaire est aussi un angle d'attaque dans votre politique RSE : la restauration collective gaspille en moyenne 150 g de nourriture par repas servi, ce qui représente plusieurs tonnes de déchets par an dans une entreprise de taille moyenne1.
Une opportunité RSE à fort potentiel
En intégrant l’alimentation à la stratégie RSE, les entreprises agissent simultanément sur plusieurs fronts :
- Réduction de leur bilan carbone
- Amélioration de la qualité de vie au travail
- Engagement des collaborateurs autour d’actions concrètes
- Création de lien social autour de valeurs partagées
La réglementation : la loi Egalim
À l'origine réservée à la restauration collective publique, la loi Egalim concerne désormais la restauration collective privée - soit 300 millions de repas - depuis janvier 2024. Elle impose que 50 % des produits servis soient durables et de qualité, dont 20 % issus de l’agriculture biologique.

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Quelles actions concrètes pour une alimentation plus durable au travail ?
1. Repensez la cantine et les espaces de restauration
Une cantine d’entreprise plus responsable passe par des actions simples mais structurantes :
- Introduire davantage de repas végétariens ou végétaux, sans les imposer ;
- S’approvisionner en produits locaux, de saison et si possible bio ;
- Adapter les portions, peser les restes, proposer des doggy bags pour lutter contre le gaspillage ;
- Former le personnel de cuisine aux enjeux de durabilité
👉 Pour aller plus loin : La cantine d’entreprise version éco-responsable : comment transformer la restauration collective
2. Des repas d’affaires et séminaires plus engagés
Les repas professionnels (séminaires, comités, clients...) sont souvent hors radar RSE. Pourtant il y a des actions simples à mettre en place et à diffuser dans l'entreprise :
- sélectionner des traiteurs engagés (bio, vrac, circuits courts) ;
- prévoir systématiquement un menu végétarien par défaut ;
- privilégier les repas sans emballage jetable, type buffet, ou les contenants consignés pour limiter les déchets.
3. Aménagez des pauses durables
Les espaces de pause sont aussi des lieux d’impact où vous pouvez :
- bannir les capsules à usage unique ou passer à des modèles recyclables / rechargeables ;
- installer des distributeurs de fruits bio / locaux ;
- proposer des snacks éco-responsables, issus du commerce équitable et bio de préférence.
👉 À lire : Pause-café : les solutions efficaces pour réduire son impact écologique en entreprise
Sensibiliser sans culpabiliser : comment embarquer les équipes ?
Liberté individuelle vs transformation collective
L’alimentation touche à l’intime, à la culture et à l’identité. Parler de réduction de la viande ou de menus végétariens peut créer des résistances si la démarche est perçue comme moralisatrice ou prescriptive.
La clé : proposer sans imposer, valoriser sans culpabiliser.
3 leviers pour embarquer les collaborateurs :
- Informer et inspirer : campagnes d’affichage, newsletters internes, chiffres-clés sur l’impact environnemental de l’alimentation peuvent être utiles.
- Former aux enjeux climatiques et à l'impact de la viande notamment, avec une Fresque du Climat par exemple.
- Créer des moments conviviaux : ateliers cuisine durable, découverte de plats végétariens, dégustations à l’aveugle, défis “repas zéro déchet”,…
- Faire des choix visibles et cohérents : par exemple, rendre le plat végétarien le plus accessible à la cantine ou communiquer sur les économies d’émissions de gaz à effet de serre réalisées.

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Adopter une posture d’exemplarité
L’engagement RSE passe aussi par des signaux faibles : un dirigeant qui opte pour un menu végétarien lors d’un déjeuner client montre qu’une autre façon de faire est possible.
Agir sur l’alimentation en entreprise, c’est répondre aux enjeux climatiques tout en mobilisant les équipes autour de gestes concrets. C’est aussi prendre soin de la santé des salariés, réduire les coûts liés au gaspillage et améliorer l’image de l’entreprise.
En intégrant ces enjeux à leur stratégie RSE, les entreprises peuvent transformer leur modèle alimentaire sans brusquer les habitudes. Le changement ne se fera pas en un jour — mais il commence dès le prochain déjeuner.