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Handicap en entreprise : dépasser l’obligation légale

mis à jour le 27 novembre 2025

Caroline Vivant

Caroline Vivant

En France, les entreprises doivent employer un certain pourcentage de travailleurs en situation de handicap. Mais pour faire de ce sujet un véritable levier RSE, il est essentiel d’aller au-delà du simple respect de la loi. Comment lever les freins, faire évoluer les représentations et construire une politique handicap authentiquement inclusive ?

RSE: le handicap en entreprise

©pexels-marcus-aurelius

Le handicap fait partie intégrante des sujets clés de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Au-delà des actions environnementales, les enjeux sociaux sont également pris en charge en entreprise, notamment la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances. Pourtant, lorsqu’il s’agit du handicap, de nombreuses organisations se limitent encore à une logique administrative pour répondre à leurs obligations légales.
Or, intégrer le handicap en entreprise est un puissant levier de cohésion interne, d’innovation, d’attractivité RH et de performance globale. L’enjeu est donc de dépasser la conformité réglementaire pour adopter une approche humaine, stratégique et durable. Nous faisons le tour des obligations légales, des freins qui persistent et, bien sûr, des actions concrètes permettant d’installer une véritable culture inclusive.

 

Comprendre les obligations légales sur le handicap

Le quota de 6 % : ce que dit la loi

Depuis 1987, la loi française impose aux entreprises de plus de 20 salariés de respecter l’OETH : l’Obligation d’Emploi des Travailleurs Handicapés. Cette obligation fixe un taux de 6 % de travailleurs handicapés dans les effectifs.
Toutes les personnes reconnues comme travailleurs handicapés par la RQTH, les victimes d’accidents du travail ou maladies professionnelles avec incapacité, les titulaires de pensions d’invalidité ou encore les salariés reclassés sont comptabilisées dans ce taux.

Lorsqu’une entreprise ne respecte pas ce quota, elle doit verser une contribution financière à l’Agefiph (ou au Fiphfp pour la fonction publique). Le montant dépend de la taille de l’entreprise et du niveau de non-conformité. Une pénalité majorée peut s'appliquer en cas de manquement durable au fil des années.

Au-delà du volume, la loi impose également de déclarer chaque année ses données handicap via la Déclaration Sociale Nominative (DSN).

Les autres obligations et dispositifs d’appui

La loi ne se limite pas à une obligation d’emploi. D’autres responsabilités pèsent sur l’employeur :

  • Adaptation raisonnable du poste de travail : l’entreprise doit mettre en place les aménagements nécessaires pour permettre à un salarié handicapé d’occuper ou conserver un emploi.
  • Prévention et maintien dans l’emploi : collaboration avec la médecine du travail, évaluation des besoins, anticipation des risques.
  • Recours au secteur protégé et adapté : les entreprises peuvent sous-traiter une partie de leur activité à des ESAT ou des Entreprises Adaptées. Ces partenariats favorisent l’inclusion tout en permettant d’alléger la contribution Agefiph.
  • Accès à des aides dédiées : l’Agefiph et la MDPH peuvent financer des adaptations de poste, des formations, des matériels spécifiques, ou encore accompagner le maintien dans l’emploi.

Ainsi, le cadre légal fixe un socle minimal, mais c’est la politique interne de l’entreprise qui fait réellement la différence.

place du handicap en entreprise

©absolutvision

Lever les freins : pourquoi le handicap reste un sujet sensible en entreprise

Des représentations encore tenaces

Malgré les efforts de communication institutionnelle, les idées reçues persistent. Beaucoup imaginent encore le handicap comme forcément visible, lourd ou incompatible avec certaines missions. Or, près de 80 % des handicaps sont invisibles : troubles auditifs, maladies chroniques, TMS, troubles cognitifs… Cette méconnaissance alimente les craintes et les préjugés.

Certains managers pensent qu’une personne handicapée sera moins performante, moins disponible, plus fragile ou nécessitera trop d’adaptations. Cette vision erronée peut freiner les recrutements et rendre l’inclusion plus difficile.

L’autocensure des collaborateurs

Un autre frein majeur est la non-déclaration du handicap par les salariés. Beaucoup renoncent à demander une RQTH par peur d’être stigmatisés ou freinés dans leur carrière. D’autres ignorent simplement qu’ils pourraient être reconnus travailleurs handicapés.
Cette autocensure empêche les collaborateurs d’accéder à des aménagements qui pourraient pourtant améliorer leur confort de travail, leur performance et leur bien-être.

Les difficultés organisationnelles réelles

Pour certaines entreprises, la question du handicap soulève aussi de vrais enjeux :

  • gestion des aménagements horaires ou matériels,
  • réorganisation partielle d’un service,
  • manque de formation ou de repères des managers,
  • adaptation du rythme de travail,
  • contraintes techniques liées à l’accessibilité.

Ces obstacles sont réels, mais souvent surmontables avec une stratégie bien structurée et un accompagnement adéquat.

 

Construire une politique handicap ambitieuse et opérationnelle

Sensibiliser et former pour changer les regards

La première étape d’une démarche inclusive consiste à transformer la culture interne. Sans évolution des mentalités, les actions techniques auront peu d’impact.
Plusieurs leviers peuvent être mobilisés :

  • ateliers de sensibilisation interactifs,
  • serious game, comme Le Handicap contre-attaque par exemple qui permet de faire changer les regards sur le handicap,
  • témoignages de collaborateurs ou d’associations spécialisées,
  • handiparentations (mises en situation),
  • campagnes internes sur la diversité des handicaps,
  • formation des managers, indispensable pour gérer les situations concrètes.

Ces actions permettent de réduire les préjugés, d’améliorer la compréhension du handicap et de créer un environnement de confiance.
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Adapter l’environnement de travail

L’accessibilité est un élément fondamental de la politique handicap. Elle peut concerner :

  • les locaux : rampes d’accès, ascenseurs adaptés, signalétique claire, éclairage suffisant ;
  • les postes de travail : sièges ergonomiques, équipements réglables, agrandisseurs d’écran, logiciels de dictée vocale ;
  • l’organisation du travail : télétravail, horaires aménagés, travail à temps partiel choisi.

L’objectif n’est pas de créer des solutions standard, mais de proposer des aménagements individualisés, adaptés aux besoins spécifiques de chaque personne.

Développer une stratégie de recrutement inclusive

Pour attirer des candidats en situation de handicap, plusieurs actions sont pertinentes :

  • rédiger des annonces inclusives,
  • simplifier les processus de candidature,
  • former les recruteurs pour éviter les biais,
  • proposer des stages ou périodes de mise en situation professionnelle,
  • construire des partenariats avec le tissu local (Cap Emploi, écoles, associations, EA, ESAT).

Le recrutement doit surtout s’accompagner d’un plan d’intégration, afin de sécuriser les premiers mois et de créer un environnement bienveillant.

Fidéliser et accompagner les collaborateurs en situation de handicap

Recruter ne suffit pas : l’enjeu est de permettre aux collaborateurs d’évoluer et de s’épanouir.

Pour cela, plusieurs bonnes pratiques existent :

  • entretiens de suivi réguliers,
  • formations adaptées,
  • bilans individuels pour anticiper les besoins d’aménagements,
  • accompagnement dans les démarches administratives,
  • valorisation des parcours internes.

Une politique handicap efficace est une démarche continue, et non un événement ponctuel.

 

Intégrer le handicap en entreprise ne se résume pas à respecter la loi. C’est un engagement profond qui touche à la culture, à l’organisation et à la stratégie RH. En dépassant l’obligation légale, les entreprises créent un environnement plus humain, plus inclusif et plus performant.