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Économie circulaire : comment l'intégrer à votre stratégie RSE ?

mis à jour le 4 septembre 2025

Caroline Vivant Kaba Impact

Caroline Vivant

Dans un contexte de raréfaction des ressources et de tension sur l'énergie, l’économie circulaire devient un levier stratégique majeur pour les entreprises. De quoi parle-t-on quand on évoque le modèle d'économie circulaire ? Quelles sont les applications concrètes en entreprise ? Comment insuffler cette logique dans votre business model ? Quelques éléments de réponse.

Economie circulaire

©danist-soh Unsplash

Le modèle économique linéaire — extraire, produire, consommer, jeter — montre ses limites : épuisement des ressources, surproduction de déchets qu'il devient impossible de gérer, dépendance aux matières vierges,…. À l’inverse, l’économie circulaire propose de découpler croissance et consommation de ressources. Elle permet de transformer des contraintes environnementales en opportunités, tout en répondant aux attentes de vos parties prenantes (financeurs, partenaires, clients,…).
Nous commencerons par un peu de théorie sur les 7 piliers essentiels de l’économie circulaire, avant d'explorer les leviers à actionner en entreprise pour des résultats concrets.

Les 7 piliers de l’économie circulaire : un cadre pour agir

Le concept d’économie circulaire plonge ses racines dans les travaux de Kenneth Boulding (1966), puis de Pearce & Turner (1989) et de Braungart & McDonough avec leur théorie « Cradle to Cradle » (2002). Quant au cadre opérationnel des 7 piliers de l’économie circulaire, il a été formalisé plus récemment par le cabinet Metabolic, en 2017, et largement repris dans les travaux académiques et professionnels.
Voici ces 7 piliers :

1. Approvisionnement durable

☞ Favoriser les matières recyclées, recyclables ou biosourcées pour limiter l’usage des ressources vierges et renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement.
Comment adopter une politique d'achat durable

2. Éco-conception

☞ Intégrer dès la conception des produits des critères de durabilité, de réparabilité, de “désassemblabilité” (mot un peu barbare mais vous avez l'idée : pour pouvoir réparer, il faut qu'un objet puisse se retrouver en pièces détachées) ou de recyclabilité.
Plus d'infos sur l'éco-conception

3. Écologie industrielle et territoriale

☞ Optimiser les synergies entre les entreprises locales, par exemple via le réemploi des déchets d’un acteur comme matière première pour un autre. Des déchets de l'industrie agro-alimentaire peuvent par exemple être utilisés dans la conception de produits cosmétiques.

4. Économie de la fonctionnalité

☞ Promouvoir l’usage plutôt que la possession via la location, les abonnements ou la mise à disposition de services associés aux produits.

5. Consommation responsable

☞ Accompagner les consommateurs vers des choix durables, les sensibiliser au fait de privilégier les produits labellisés (informations, transparence, incitations).

6. Allongement de la durée d’usage

☞ Favoriser la réparation, la réutilisation, la revente, ou le reconditionnement des produits pour prolonger leur cycle de vie.

7. Gestion des déchets et recyclage

☞ Mettre en place des filières de collecte, tri et valorisation des produits en fin de vie pour boucler la boucle.
Le point sur la gestion des déchets en entreprise

Comment intégrer la circularité dans votre stratégie RSE

Une fois le cadre théorique posé, la question essentielle pour les dirigeants d'entreprise, les services R&D, RSE,… est : comment traduire ces principes dans la réalité de l’entreprise ? La circularité ne se réduit pas à une politique de recyclage. Elle demande en effet de revisiter en profondeur les achats, la relation client et la gestion du cycle de vie des produits.

Repenser achats et matières premières

Le premier levier réside dans la politique d’approvisionnement. De plus en plus d’entreprises choisissent des matières premières recyclées ou biosourcées afin de réduire leur dépendance aux ressources vierges. Ce choix permet non seulement de diminuer l’empreinte environnementale mais aussi de sécuriser les chaînes d’approvisionnement face à la volatilité des prix. Exemple avec l’entreprise bretonne Silvadec qui a mis en place un système de collecte des chutes composites via son programme Écobox. Ces matières sont ensuite réintroduites dans la production, permettant à l’entreprise de viser, d’ici 2030, une production intégralement issue de matières recyclées. 

economie d'usage

©edward-howell-Unsplash

Changer les modes de consommation vers une économie d’usage

Un second axe consiste à passer d’un modèle basé sur la possession à un modèle centré sur l’usage. L’économie de la fonctionnalité offre aux clients un accès à un produit ou un service sans en assumer la pleine propriété, tout en garantissant une gestion responsable de son cycle de vie. Exemple : l’entreprise Castalie, spécialisée dans les fontaines à eau, qui remplace les bouteilles en plastique à usage unique par des bouteilles en verre consignées et réutilisables. Le résultat ? Une empreinte carbone réduite de 90 % par rapport aux bouteilles classiques. On pourrait citer aussi Décathlon avec sa nouvelle offre de location de matériel sportif.

Allonger la durée de vie des produits

Un autre levier d'action de l'entreprise est de travailler à prolonger la durée d’usage des produits pour ralentir le rythme du renouvellement et donner plusieurs vies aux biens. Le secteur de l’informatique est particulièrement actif dans ce domaine. L'entreprise française Yes Yes, par exemple, remet à niveau et reconditionne du matériel informatique pour une seconde commercialisation. Le fairphone, lui, veut mettre fin à l'obsolescence programmée des smartphones en rendant le sien entièrement modulable et réparable. Ce type de démarche contribue à réduire la production de déchets électroniques, l’un des flux les plus problématiques à l’échelle mondiale.

Fermer la boucle grâce à la remise en circuit

Enfin, la circularité ne peut exister sans une véritable stratégie de reprise et de remise en circulation des produits. Plusieurs initiatives françaises en témoignent. Le réseau d’insertion Envie remet chaque année en état plus de 100 000 appareils électroménagers, évitant ainsi plusieurs milliers de tonnes de déchets. De son côté, Le Relais a installé plus de 22 000 conteneurs textiles en France pour collecter vêtements et maroquinerie, qui sont ensuite triés, revendus dans des boutiques solidaires, exportés ou transformés en isolant. 

croissance economique

©imagine-buddy Unsplash

Les bénéfices business et RSE d’une démarche circulaire

Mettre en œuvre l’économie circulaire ne relève pas uniquement de l’engagement environnemental ; c’est aussi une décision stratégique qui génère de la valeur.

D’abord, elle permet de réduire les coûts et de sécuriser l’approvisionnement. En effet, utiliser des matériaux recyclés ou prolonger la durée de vie des équipements limite la dépendance aux matières premières vierges et réduit la vulnérabilité aux fluctuations des marchés. Dans un contexte de tensions sur les ressources, c'est un avantage compétitif considérable.

Ensuite, la circularité est un levier puissant pour valoriser l’image de marque et renforcer l’attractivité. Les consommateurs, de plus en plus sensibles à l’impact environnemental de leurs choix, privilégient les entreprises engagées. Autrement dit, la circularité n’est pas seulement un choix écologique : c’est aussi un moteur de compétitivité et de création de valeur sociale.
TPE/PME : comment lancer une démarche RSE dans votre entreprise

 

L’économie circulaire n’est pas une mode, mais une stratégie pérenne pour les entreprises. Les 7 piliers présentés offrent un cadre clair, que vous pouvez activer progressivement dans vos achats, vos modèles économiques, vos produits et vos processus.