La compensation carbone est souvent perçue comme une solution efficace pour atteindre la neutralité carbone. Mais est-elle suffisante ? Comment l'intégrer intelligemment dans une stratégie de décarbonation ? Explorons ses limites, ses opportunités et les bonnes pratiques à adopter.

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Face à l'urgence climatique, un nombre croissant d’entreprises s’engage sur des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) alignés avec les objectifs de l’Accord de Paris. Certaines mettent en avant la compensation carbone comme levier. Mais attention, compenser n'est pas réduire. La compensation carbone ne peut être qu'un pan d'un stratégie plus large. Faisons le point sur ce qu'est la compensation carbone, ses potentialités et ses limites.
La compensation carbone, un outil parmi d'autres
Commençons par définir ce terme : la compensation carbone consiste à financer des projets de réduction ou de captation des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour compenser ses propres émissions.
Cette approche fait débat car, si elle permet d’agir à court terme, elle ne doit pas devenir un alibi pour ne pas réduire ses propres émissions. En clair, le danger est que les entreprises (ou les particuliers) se disent “ce n'est pas grave si j'émets des GES, je les compense et les calculs sont bons”.
L’ordre des priorités : éviter, réduire, compenser
La compensation carbone ne peut être que le 3e et dernier levier d’une stratégie basée sur trois axes :
- Éviter les émissions inutiles en réduisant la consommation d’énergie, en limitant le transport ou les déplacements professionnels inutiles ou en adoptant des modes de production plus sobres par exemple.
- Réduire les émissions en optimisant les procédés de production, en investissant dans des technologies moins énergivores et en adoptant une politique d’achats responsables.
- Compenser les émissions résiduelles en soutenant des projets de reforestation, d’énergies renouvelables ou de capture de carbone.
Ainsi, on ne peut concevoir la compensation carbone comme une possibilité “d'annuler ses émissions”. Se contenter d'acheter des crédits carbone sans Éviter ou Réduire ses GES relève plutôt du greenwashing et peut nuire à la crédibilité de l'entreprise.

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Panorama des solutions de compensation carbone
Les différentes formes de compensation
- Projets de reforestation et de restauration des écosystèmes : ces projets permettent de capter le CO₂ sur le long terme, mais doivent être accompagnés d’un suivi rigoureux pour assurer par exemple la pérennité des forêts plantées.
- Projets de transition énergétique : ils consistent à investir dans les énergies renouvelables comme l’éolien, le solaire ou la biomasse pour remplacer les énergies fossiles.
- Projets de captage et stockage du carbone (CSC) : il s'agit de technologies innovantes permettant de piéger le CO₂ à la source (usines, cimenteries) et de le stocker sous terre.
Les limites de la compensation carbone
Si la compensation est souvent présentée comme une solution miracle, elle comporte plusieurs limites :
- L’efficacité variable des projets : tous les projets ne sont pas égaux. Certains manquent de transparence, d’autres ont un impact limité ou leur mesure est peu fiable.
- Le délai d’impact. C'est notamment le cas des projets de reforestation : un arbre met plusieurs décennies à absorber une tonne de CO₂, alors que les émissions ont un effet immédiat sur le climat.
- Une mauvaise appréhension des effets négatifs : Certains projets de reforestation mal conduits peuvent avoir des conséquences lourdes, en créant par exemple des monocultures dans certains endroits, en rendant des espaces plus vulnérables aux incendies,…
Il est donc primordial de s'adresser à des acteurs de confiance (voir encadré) et de s'engager dans une démarche de long terme, incluant une mesure d'impact solide.
Intégrer la compensation carbone dans une stratégie de décarbonation
Les étapes clés
- Réaliser un bilan carbone pour identifier les principales sources d'émissions. C'est la première étape, indispensable, du processus.
- Fixer des objectifs de réduction alignés avec les recommandations scientifiques (ex : Accords de Paris, Net Zero Initiative).
- Sélectionner des projets de compensation certifiés et s’assurer de leur transparence (voir encadré).
- Impliquer les parties prenantes de l'entreprise (salariés, clients, investisseurs) dans la stratégie.
- Communiquer avec transparence sur les actions mises en place et leurs résultats.
Les labels garantissant la solidité des projets de compensation
- Label Bas-Carbone (LBC) : Certifie des projets de réduction ou de séquestration en France.
- Gold Standard : Assure un impact environnemental et social positif.
- Verified Carbon Standard (VCS) : Standard reconnu pour les projets internationaux.
En résumé, la compensation carbone peut jouer un rôle dans la stratégie de décarbonation d’une entreprise, mais elle doit rester un complément à une réduction ambitieuse des émissions. Enfin, choisir des projets certifiés et assurer la transparence sont essentiels pour une démarche crédible.